Se rendre au contenu

Retour aux communiqués et tribunes

Meurtres transmisogynes : l'impunité doit cesser


La semaine dernière, en France, deux femmes trans, Angélina et Géraldine, ont été assassinées.

La semaine dernière, en France, une grande chaîne d’information a traité l’un de ces meurtres comme un fait divers “insolite”, mégenrant Géraldine pour obtenir quelques rictus chez ses téléspectateurs.

Aujourd’hui encore, en France, nos vies et même nos morts ne valent pas plus qu’un sujet de divertissement.
Ces meurtres ne sont pas des faits divers. Ces meurtres sont des transféminicides.Ils sont le résultat direct d’une société transphobe, misogyne et raciste. Ils nous ciblent car nous sommes reléguées au bas de l’échelle sociale. Et ils s’inscrivent dans une vague de haine et de violence qui a des origines claires et des auteurs identifiés.

Si Angélina a été assassinée à son domicile ce 5 juillet, c’est parce qu’elle était trans, et parce qu’elle était une femme.
Comme la plupart des 73 victimes de féminicides depuis le 1er janvier, elle a été tuée par son compagnon, parce que les femmes sont encore considérées comme des possessions, par des hommes qui veulent en disposer et en abuser comme ils l’entendent.

Si Géraldine a été assassinée à son domicile ce 9 juillet, c’est parce qu’elle était trans, parce qu’elle était péruvienne, parce qu’elle était travailleuse du sexe, et parce qu’elle était une femme. Tant de raisons que notre société utilise pour la rendre vulnérable, et qui suggéraient au meurtrier qu’il pouvait se permettre de la tuer, qu’il risquait moins, qu’il n’aurait qu’à plaider la “panique”, comme à chaque fois dans ces affaires qui se ressemblent toutes.

Ces derniers mois, deux autres travailleuses du sexe trans ont été agressées et auraient pu y laisser la vie. D’autres encore se sont faites violer par un homme qui a sévi durant des années.
Ces crimes ont été favorisés par les lois putophobes des décennies passées, qui forcent les prostituées à se mettre en danger pour “protéger” leurs clients, et les plongent encore plus dans la précarité en criminalisant leurs proches.

Ils ciblent principalement des personnes trans racisées et sans-papiers, profitant de leur statut de parias institué par des lois racistes de plus en plus violentes.
Ils restent largement impunis, aidés par un système policier qui harcèle les travailleuses du sexe, les menace d’OQTF, les empêche de dénoncer les violences qu’elles subissent.
Ces crimes profitent de la précarité des femmes trans, causée directement par la transphobie, à travers les rejets familiaux, les discriminations à l’emploi ou au logement, ou encore les coûts des transitions.

Ils profitent de toutes les oppressions qui nous rendent la vie impossible : racisme, validisme, patriarcat, dont la putophobie… 
Ils profitent de la transphobie, du racisme et de la misogynie de la police, qui lui sont systémiques.

Ces crimes profitent du climat de haine transphobe, toujours présent en toile de fond mais exacerbé ces dernières années et ces derniers mois.

Ils profitent du livre transphobe de Dora Moutot et Marguerite Stern, de la proposition de loi transphobe de Jacqueline Eustache-Brinio, du lobbying transphobe de Céline Masson et Caroline Eliacheff via l’Observatoire de la Petite Sirène, de la programmation transphobe des chaînes et radios d’extrême-droite.
Ils profitent de la cible mise dans le dos de toutes les personnes trans par les réactionnaires aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Russie et ailleurs.

Ils profitent des idées fascistes décomplexées qui ont bien failli s’imposer comme modèle de gouvernement il y a une semaine, et qui infusent toute la société et les institutions.

Nous ne laisserons pas ces actes tomber dans l’oubli, comme de petites coupures dans un tiroir.

Nous réclamons :

  • des conditions de vie décentes pour toutes les personnes trans, des parcours de soin aux parcours administratifs
  • des mesures dédiées pour transitionner sans risquer la précarité
  • des moyens et des mesures concrètes contre les discriminations, notamment
    • via l’abolition de la mention de sexe à l’état civil
    • et vis-à-vis du traitement médiatique des personnes trans
  •  l’abolition des lois racistes
    • telles que la loi “Asile et Immigration
  • et de celles criminalisant l’activité des travailleuses du sexe
    • notamment celle de 2016 instaurant la pénalisation des clients.

Mais au-delà de ça, aujourd’hui, relevons la tête, par nous-mêmes.

Depuis des années, nous nous organisons, nous nous défendons, nous veillons les un·es sur les autres, nous nous partageons nos savoirs et nos expériences.

Amplifions ce mouvement :
C’est ensemble, organisé·es, face à une société et à un État structurellement transphobes, que nous arracherons notre dignité.


Fransgenre