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Jour du souvenir trans 2025
Pour ce jour du souvenir trans, nous souhaitons d’abord rappeler à notre mémoire la vie de celles et ceux qui sont décédé·es cette année au sein de l’association. Il y a celles dont on sait la mort avec douleur, et il y a celleux dont on ne sait pas vraiment s’iels ont disparu de nos vies ou s’iels ont mis fin à la leur.
Il y a les agressions, les meurtres, qui marquent les esprits d’horreur. Il y a également les petites violences du quotidien, les meurtres, avec lesquelles on apprend à survivre ou qui finissent par nous tuer. Nos suicides sont vos meurtres.
Nos sœurs, frères, adelphes meurent aux mains d'un système qui nous vole toute autonomie corporelle, nous retire la capacité d’être soi. Face à la transphobie médicale, face à ce système qui nous broie, l’accès aux soins de transition est un accès aux soins de survie.
Notre survie, nous savons être les seul·es à l’assurer. Nous arrachons chaque jour nos transitions des mains de celleux qui entendent nous effacer. C’est la mise en commun de nos forces, l’organisation collective, le travail communautaire de soutien et de pair-aidance qui permettent à tant d’entre nous de regagner du pouvoir sur nos vies.
Pair-aidance. Auto-support. Devoir mémoriel.
Nous faisons vivre le savoir de celleux qui nous ont précédé et nous essayons de léguer aux personnes trans de demain l’espoir d’un avenir plus simple, plus doux aussi. Chaque jour nous marchons parmi la mort, et nos morts nous guident.
Il y a des jours où le désespoir et l’impuissance cèdent la place à la certitude qu’on a un impact sur le monde. En aidant un·e adelphe à transitionner sereinement, il y a de grandes chances qu’on sauve une vie.
Ce n'est pas normal que ce soit une situation à laquelle on doive s'habituer en tant que personne trans. Connaître autant de personnes qui ne sont plus là que dans nos souvenirs. Pleurer nos morts. Et, souvent, ne même pas vraiment pouvoir les pleurer. Parce qu'il faut rester debout, pour ne pas être la prochaine et pour qu'il n'y ait pas de prochaine. Parce que si l'un·e d'entre nous disparaît demain, il y a des chances qu'on ne le sache pas. Qu'on devienne une de ces nombreuses personnes trans à disparaître, sans un bruit, sans un hommage. Sans mémoire. Juste une absence qu'on ne distingue pas vraiment. Sans souvenir nous mourrons deux fois.
Nous écrivons vos noms dans nos mémoires. Pour ne pas que vous mouriez encore.