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Cour suprême du Royaume-Uni
La transphobie jusqu'à faire reculer les droits des femmes
La Cour Suprême britannique a eu à décider de si les femmes trans devaient être prises en compte dans les politiques d'incitation à l'embauche des femmes dans les entreprises publiques britanniques.
For Women Scotland, à l'origine de cette action en justice, est un groupuscule anti-trans financé par l'extrême-droite anglaise.
Cette même extrême droite qui depuis plusieurs jours fait battage médiatique pour imposer sa propre lecture de l'affaire, voulant lui donner une importance bien plus grande qu'elle n'en a en réalité.
Il s'agirait d'avoir décidé de ce qu'est une femme, dans un paradigme réactionnaire essentialiste, naturaliste et finalement tout ce qu'il y a de plus sexiste.
Quelle avancée pour les femmes britanniques et du monde entier d'être encore une fois reléguée à leur rôle reproductif, à leur statut inaliénable d'utérus, à leur nature de mère.
Quels droits ont acquis aujourd'hui les femmes britanniques pour qu'on puisse s'en réjouir ?
Aucun qu'elles n'avaient pas déjà.
Car ce procès n'était pas un procès pour le droit des femmes, c'était un procès contre une partie des femmes : les femmes trans.
Quelle avancée que d'exclure une partie minorisée des femmes d'un dispositif d'incitation à l'embauche.
Faire croire que l'ennemi de nos droits est notre camarade le plus fragile est le propre de l'extrême droite depuis toujours.
Nous ne nous laissons pas tromper.
Dans la lutte féministe, l'ennemi n'est ni la femme trans, ni la femme musulmane, ni la femme racisée, ni la femme travailleuse du sexe.
L'extrême droite, financée par des milliardaires transphobes, a attaqué encore une fois nos sœurs trans. De Musk à Rowling en passant par Bolloré, c'est une stratégie internationale de fascisation de la société et de contrôle du corps qui se met en œuvre.
Cette stratégie, mise en place depuis 2015 aux Etats-Unis d'Amérique par l'extrême droite pour conquérir le pouvoir, a été explicitement établie pour attaquer l'autonomie corporelle de toute la population.
Il est nécessaire plus que jamais que les mouvements féministes et le grand public se rendent compte de cette stratégie et constituent un réel front contre toute forme d'attaque sur les droits des femmes les plus minorisées.
Si ces attaques ont bien moins d'importance en elles mêmes que ce que les propagandistes d'extrême droite veulent bien laisser entendre, elles ont cependant des conséquences bien concrètes.
La libération de la parole transphobe permet l'avancée dans les esprits des idées les plus ignobles, en construisant une société où il est acceptable de s'en prendre à une minorité pour sa simple existence.
Encore une fois, la justice nous prouve que nous n'avons rien à attendre d'elle pour lutter contre la transphobie dont elle est un des bras armés, au sein même des institutions qui prétendent nous protéger.
Face à ce constat répété, il est plus que vital pour les personnes trans de s'auto-organiser, autour d'un tissu associatif et collectif fort de nos besoins communs.
De l'adelphité nous arracherons notre libération.
Fransgenre